Conçu sous l’impulsion du Roi Léopold II comme « palais des colonies » en prévision de l’exposition universelle de Bruxelles en 1897, il voulait présenter aux Belges un maximum d’objets et de bien de son « État Indépendant du Congo »; même un village africain avait été aménagé avec des Congolais, mais dans des conditions inadaptées pour ceux-ci, ce qui coûta la vie à sept d’entre eux.
Le site https://www.africamuseum.be/fr/ vous propose une présentation très complète et actualisée de ce centre tangible de l’axe Belgo-Africain sous ses angles multiples, depuis sa conception par le Roi Léopold II jusqu’à sa récente profonde rénovation.
Quelques repères de base
Léopold II voyait dans le musée un outil de propagande pour son projet colonial destiné à attirer des investisseurs et à convaincre la population belge. Il affecta des gains venant du domaine privé royal du Congo pour sa construction et c’est en 1898 que l’exposition temporaire devenait ainsi le premier musée permanent du Congo. Dès ses origines, l’institut était un musée et un institut scientifique.
Inauguré par le Roi Albert Ier en 1910, le Palais des Colonies fut rebaptisé Musée royal du Congo belge en 1952.
À l’indépendance, son nom fut changé en Musée royal de l’Afrique centrale, proposant un champ d’études plus vaste. Aujourd’hui encore, les deux tiers du personnel et du budget de l’AfricaMuseum sont consacrés à la recherche scientifique.
Le Musée royal de l’Afrique centrale est mondialement connu pour ses collections riches, variées et de grande valeur scientifique. La plupart des visiteurs ne soupçonnent pas l’importance de ce patrimoine puisque l’exposition permanente n’en dévoile que 1 % à peine.
Le musée est réputé pour ses objets ethnographiques, mais il conserve des collections en sciences naturelles, des archives, des photos, des échantillons de tout le sous-sol du Congo, etc.
D’où viennent les collections ?
La grande majorité des objets provient de la RD Congo et a été collectée durant la période coloniale. Cependant, les collections du musée couvrent le monde entier et remontent à 650 millions d’années (pour certains fossiles) jusqu’à nos jours. Le musée conserve par exemple des objets ethnographiques d’Océanie et d’Amérique, suite notamment à des échanges effectués entre le Musée royal de l’Afrique centrale et les Musées royaux d’Art et d’Histoire entre 1967 et 1979.
La collection de bois du musée contient également des échantillons du monde entier. Il s’agit de la troisième collection la plus importante au monde et la seule collection de référence en Belgique.
Comment les collections sont-elles arrivées à Tervuren ?
Dès sa création en 1898, le musée a encouragé militaires, fonctionnaires, missionnaires, commerçants et scientifiques qui se trouvaient au Congo à récolter des objets, des animaux, etc.
– Campagnes militaires : une partie des objets des collections a été récoltée lors de campagnes militaires organisées au Congo. Celles-ci avaient comme objectifs de soumettre la population, de tracer des frontières et d’asseoir l’autorité du pouvoir colonisateur. Les objets récoltés étaient souvent des armes et d’autres trophées obtenus comme butin de guerre lors de confrontations violentes.
– Collectionnite : l’intérêt grandissant pour le Congo a donné lieu à une véritable compétition entre les musées européens et américains : chacun entendait collectionner le plus d’objets intéressants possibles, de préférence avant que la concurrence ne les accaparât et que la colonisation ne les fît disparaître. Artistes et artisans congolais y virent l’occasion de fabriquer et d’écouler des objets appréciés des collectionneurs.
– Expéditions scientifiques : dès le début, le musée a envoyé des scientifiques au Congo afin de récolter des objets et des spécimens. Encore aujourd’hui, de nombreuses collections, telles que celles des poissons, du bois, des insectes, etc. se développent continuellement au fur et à mesure de projets scientifiques.
– Missionnaires : les premiers missionnaires belges au Congo rejetaient les pratiques religieuses africaines et détruisaient des objets qu’ils tenaient pour « païens ». Les missionnaires résidant depuis plus longtemps dans la colonie se montraient souvent plus compréhensifs et s’intéressaient de plus près aux langues et cultures congolaises. Les conservateurs de musée faisaient volontiers appel à leurs connaissances des langues et à leurs contacts avec la population.
– Habitants occidentaux au Congo : les autorités coloniales encourageaient les Occidentaux vivant et travaillant au Congo à collecter des objets pour le musée. Pour certaines pièces, il existe une information abondante ; pour d’autres, seuls le lieu de la découverte et le nom du collectionneur sont connus, mais pas le nom de l’artisan ou de l’artiste.
– Commerce de l’art : à la suite notamment de l’exposition coloniale de 1897, des négociants d’art africain firent leur apparition à Bruxelles et à Anvers au XIXe et surtout au XXe siècle. Aujourd’hui, les collections privées recèlent toujours de nombreux objets d’art africain. Certaines de ces collections privées ont rejoint le musée après le décès de leur collectionneur.
– Achats : le musée rachète parfois des objets et collections. La commission d’acquisitions du musée procède à un contrôle d’intégrité et à un examen basé sur cinq critères : 1. L’objet présente-t-il un intérêt pour la recherche scientifique ? 2. Complète-t-il une collection ou une exposition ? 3. A-t-il une valeur exceptionnelle ? 4. Est-il bien documenté ? 5. Illustre-t-il des aspects de l’Afrique d’aujourd’hui ?
– Donations : le musée acquit une grande partie de ses collections à la faveur de donations. Aujourd’hui encore, des pièces lui sont proposées et sont intégrées dans les collections. La commission d’acquisitions respecte pour les donations les mêmes critères que pour les achats.
-la collecte aujourd’hui : de nos jours, les objets et spécimens sont collectés dans le cadre de projets de recherche et d’étude sur le terrain, en étroite collaboration avec des universités et des musées africains. Le champ de recherche ne se limite plus à l’Afrique centrale mais recouvre toute l’Afrique au sud du Sahara. Les objets et spécimens sont aussi mieux documentés, même s’ils ne sont toujours que des fragments d’un ensemble plus vaste. Les expressions culturelles immatérielles, comme la langue et la musique, bénéficient aujourd’hui d’une plus grande attention qu’autrefois.
La réputation internationale du Musée royal de l’Afrique centrale est basée sur son expertise sur l’Afrique centrale et ses collections uniques et variées, aussi bien en sciences humaines qu’en sciences naturelles.
Le musée rénové : l’ Africamuseum
De décembre 2013 à septembre 2019, le musée fait l’objet d’une profonde rénovation : restaurations et transformations architecturales, modernisation de la présentation des collections, expansion des surfaces d’exposition accessibles au public de 6000 à 11 000 m², et c ; le tout dans un souci de présenter
une vision contemporaine et décolonisée de l’Afrique dans un bâtiment conçu comme un musée colonial.
Conscient que l’histoire de l’AfricaMuseum et de ses collections est partagée par les Belges et les peuples d’Afrique centrale et leur diaspora, l’institution a voulu impliquer ceux-ci dans le développement de l’exposition permanente ; d’où l’introduction de l’art contemporain a constitué un élément important de ce processus de rénovation.
La plupart des collections proviennent de la RD Congo, mais des collections proviennent également d’autres pays et même d’autres continents. Aujourd’hui, les collections sont constituées dans le cadre de projets de recherche, en collaboration avec des musées et des universités en Afrique.
-Quelques chiffres des collections :
10 000 000 de spécimens zoologiques
6 000 000 d’insectes
1 000 000 de poissons
200 000 échantillons de roches
170 000 photos du Rwanda, du Burundi et de la RD Congo du 19e et du 20e siècle
650 films sur la RD Congo, le Rwanda et le Burundi entre 1940 et 1960
120 000 objets ethnographiques
80 000 échantillons de bois
200 000 photographies aériennes
20 000 cartes géologiques
17 000 minéraux
8000 instruments de musique
3 km d’archives historiques
Dans son concept de modernisation, le musée a prévu un espace et une plate-forme ‘AfricaTube’ consacrés à l’Afrique digitale contemporaine, créés par des jeunes, qui établissent un lien entre l’AfricaMuseum et le cyberespace africain’. Pendant un peu plus d’un an, les’ Tubers’ se sont plongés dans les sphères digitales à la recherche de blogs, de matériel audiovisuel, de plates-formes et de musique d’Afrique et des diasporas africaines, et ont exploré le spectre très large des cultures technologiques du continent. AfricaTube met en avant ce qu’internet représente en Afrique, questionne la place que l’Afrique occupe dans ce monde digital, et en recherche les implications culturelles.